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Le blog de mademoisellepioupiou
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Tempête à la bergerie 3èm Partie

Tempête à la bergerie 3èm Partie

Tempête à la bergerie 3èm Partie

#Chapitre7 #NouvelleDeLavent

-Je suis content de te rencontrer, on se demandait quand tu viendrais !

Manon sent l’inquiétude du maraicher, elle réalise qu’elle tient l’avenir de ces 5 personnes dans ses mains, tout se complique, ça l’angoisse, elle voulait être médecin pas gestionnaire !

-Je peux rentrer tout ça dans le sellier, il y a deux cartons de pâte fraiches aussi, je les mets dans un congélateur, les fleurs il va falloir les préparer pour les fromages, c’est ma copine qui les a cueillies ce matin, elles sont toutes fraiches comme les légumes et les fruits ! Tu sauras préparer les fleurs ?

Manon ignore tout de cette histoire de fleurs et quel rapport avec les fromages ? Elle verra avec le berger quand il rentrera, en attendant elles seront au frais dans le sellier.

Elle le laisse faire, il doit connaitre les lieux mieux qu’elle, pendant ce temps-là elle va préparer du café, elle est sûre que Giorgio sera ravi d’une bonne tasse de café.

En se penchant à la fenêtre elle aperçoit un autre véhicule arriver, un pick up semble-t-il, c’est foule aujourd’hui, la Bergerie c’est le dernier endroit à la mode, qui ça peut bien être ? Toujours pas Félicien déjà !

Cette fois ci c’est un quadragénaire aux tempes grisonnantes qu’elle voit s’approcher avant qu’il ne s’arrête pour discuter avec l’italien en train de décharger ses marchandises, ils se connaissent évidemment mais n’ont pas l’air particulièrement ravis de se croiser.

Un instant après le quadragénaire était dans la maison, apparemment dans ce coin là on rentre dans les maisons sans se signaler…

-Bonjour, je suis Baptistin, Camille m’a dit de passer pour parler de la scierie, j’en suis le gérant. J’en ai profité pour vous rapporter un peu de bois mais si je me rappelle bien la réserve est au maximum, compte tenu du temps j’ai préféré vérifier avec vous, je vais décharger le bois et je reviens pour vous parler de la scierie…

-Bonjour, merci pour le bois et le reste, je vous laisse faire, je prépare du café.

Le berger aurait pu la prévenir de l’arrivée de ces deux-là, il ne lui a pas dit qu’il les avait contactés et qu’ils risquaient de venir la voir. Elle ne s’était pas trompée en remarquant qu’il y avait de l’hostilité entre ces deux-là, chacun s’était installé autour de la grande table au plus loin de l’autre, ils évitaient de croiser leur regard.

Baptistin lui avait apporté des classeurs qu’il se proposait de lui laisser le temps de les étudier et avait précisé qu’il enverrait la version dématérialisée à son notaire, ce à quoi elle a acquiescé, il lui avait fait une brève présentation de l’entreprise se gardant d’énoncer les chiffres mais en les lui montrant dans les classeurs.

Il lui explique qu’en plus du bois d'ébénisterie, il livre en bois de chauffe la quasi-totalité des foyers de la vallée, qu’ils avaient un temps pensé à s’équiper pour  compléter l’offre avec les fameux granulés pour alimenter ces poêles de chauffage dernière génération mais que pour l’instant c’était encore à l’étude.

Le coût d’investissement ne devait pas imposer un amortissement sur trop longtemps pour que l’opération soit rapidement rentable. Il complète cette information en lui disant que pour l’instant la demande de bois de chauffe n’a pas baissé au contraire.

Elle aurait plutôt  augmentée, qu’en plus ils ont un deal avec un fournisseur d’inserts qui leur verse un pourcentage des inserts qu’ils arrivent à placer grâce à la petite salle d’exposition attenante à la scierie dans laquelle sont proposés à la fois, des cheminées, une gamme d’inserts des plus simples au plus sculpturaux, des poêles à bois des fours à pizza, des barbecue et des accessoires de BBQ et cheminée. Bref ils couvrent le marché du chauffage au bois et n'ont pas vraiment de concurrent.

-Votre tante disait que le secret de la réussite et de la longévité soit d’offrir une gamme complète de produits, suffisamment diverse pour qu’elle reste attractive et suffisamment restreinte pour qu’elle ne nécessite pas de trop gros investissements.

A la scierie on est 6 à temps complet, dont deux qui sont polyvalents et réalisent chez les clients des cheminées et la pose d’insert à la demande et les 4 autres seulement pour la scierie, au besoin on complète les équipes avec des contractuels à la mission, on en connaît quelques-uns très fiables et ça fonctionne bien.

Eux ça leur fait du boulot et nous on peut satisfaire la demande quand elle augmente, on fait des barbecues aussi l'été, l'automne des cheminées et l'été des fours à pain ou pizza en plus  des barbecues.

En fait Manon réalisait que Rose avait reproduit pour chaque exploitation, le même raisonnement des petites structures qui développent une clientèle fidèle dont elle peut couvrir à elle seule une demande spécialisée. Elle veillait à rester concurrentielle tout en n'endettant pas l’entreprise, elle marchait sur le fil du rasoir et savait prendre les bonnes décisions, c’était une maitresse femme, Manon était impressionnée par le savoir-faire de Rose !

Baptistin était un très bel homme au regard d’acier, sa coupe en brosse révélait que ses cheveux commençaient à se parsemer de quelques fils blancs et ça renforçait l’élégance naturelle du bucheron, de larges épaules des vêtements soignés, de belles grosses mains rassurantes complétaient la silhouette attrayante.

Allons bon Manon recommençait avec Baptistin ce qu’elle avait fait avec le notaire, elle se laissait distraire par l’homme au lieu de se concentrer sur le discours !

Sa voix grave avec une pointe d’accent du sud était convaincante, il semblait solide, était-il loyal ? Rose avait l’art et la manière de s’entourer de bons collaborateurs, celui-ci semblait lui aussi loyal, dehors l’orage se déchainait, la nuit tomberait dans peu de temps et il pleuvait toujours.

-Il va falloir que je rentre, même si la scierie n’est pas loin sur le domaine, il y a une demi-heure de piste en voiture jusque-là et j’aimerais pas m’embourber au milieu des bois.

-Vous rentrez à la scierie ?

-Oui j’habite la maison au-dessus de la scierie construite par le mari de Rose.

Il se lève et s’approchant de Manon il lui dit : «pardon mais je ne vous ai pas présenté mes condoléances, Rose était une sacrée bonne femme que j’admirais et qui m’avait donné ma chance il y a 20 ans, j’espère qu’on va pouvoir faire ensemble du bon travail », il lui tend la main puis se ravisant l’enlace en lui murmurant :

-elle me manque beaucoup vous savez,

Il sent le bois, et ça complète idéalement cette impression de force qui se dégage de lui. En quelques secondes Manon est sous le charme.

-Merci d’être venu par ce temps, pour la comptabilité je vais regarder vos comptes ce soir et je vous remercie de bien vouloir transmettre la version numérique à mon notaire dont voici la carte, c’est lui qui va se charger d’étudier tout le patrimoine de Rose pour m’aider à prendre une décision, je vous ferais savoir rapidement ce que l’on va faire.

-Venez à la scierie que je vous fasse visiter et puis je vous ferais ma spécialité, un civet aux cèpes !

Elle n’ose lui répondre qu’elle s’en va demain déjà… « Merci et bonne route »

En un instant la robuste stature de Baptistin le bucheron avait disparu, elle aurait bien aimé qu’il s’attarde un peu car il lui avait bien plu.

Il était tout autant rustique que le berger mais tellement plus agréable…

Durant tout ce temps, Giorgio était resté muet, les deux hommes avaient à peine esquissé un hochement de la tête quand Baptistin était parti…leur hostilité était évidente.

-Pour moi c’est pareil, on travaillait bien avec ta tante, on avait confiance l’un dans l’autre et les chiffres sont bons, je vais envoyer les bilans à ton notaire par mail si tu me donnes la carte, il faut que je parte vite, j’ai beaucoup de route à faire pour rentrer.

Je t’ai rangé dans le sellier de quoi tenir un bout de temps et je reviendrais dès que vous serez, à cours.

Ils semblent tous croire qu'elle est venue pour s'installer...

Lui aussi se lève et l’enlace en lui présentant ses condoléances, « j’aimais beaucoup Rose, j’ai eu de la peine et l’annonce de ton existence nous a tous réconforté pas seulement pour les affaires mais aussi pour le sentiment… »

ll savait y faire pour attendrir les gens le joli cœur italien, lui avait un visage plus fin que Baptistin avec de longs cils noirs ourlés sur son regard de braise, des mains un peu rugueuses mais bien soignées pour un cultivateur.

-Il faut venir aussi visiter les serres et les vergers, à l’automne c’est moins beau mais tu verrais ça au printemps c’est une merveille, si tu viens je te ferais préparer un festin par la Mama, tu ne voudras plus repartir !

En même pas 48h, la vie sociale de Manon avait explosé plus vite que les dernières années à Lille, à chaque rencontre lui offrirait-on un festin et de l'amitié ? Pas le berger en tous les cas, lui ne l’aimait pas !

Et voilà tout le monde est parti, la laissant seule dans la grande maison, la nuit ne va pas tarder à tomber et toujours pas de retour du berger qui doit le faire exprès de la laisser se débrouiller avec Baptistin et Giorgio, c’est de l’hostilité ça aussi !

Elle lâche les chiens en allumant la lumière du perron, histoire de voir un peu les environs, devant la maison quelques dalles puis du gravier mais tout autour l’herbe semble détrempée, ça et là il se forme quelques flaques dans lesquelles les chiens vont boire.

Aller à la fromagerie ce soir ne l’enchante guère, elle va déjà commencer par étendre le linge dans la remise puis elle ira préparer sa soupe et peut être quelques crêpes avec les œufs et le lait frais du jour.

En étendant le linge elle réalise que de l’autre côté du sellier, il y a une porte qu’elle n’avait pas remarqué, la porte est fermée elle ne sait  pas sur quoi elle donne, elle verra bien plus tard.

En rentrant à la maison, elle voit que la même porte se trouve sur l’arrière de la cuisine dans un coin, quand on regarde à la fenêtre elle est placée sur le pan de mur contigu à la remise derrière la maison, curieux que le berger ne lui en ai pas parlé, elle lui demandera ce soir.

Pour l’instant, la priorité c’est d’arriver à joindre Félicien, qu’il lui confirme qu’il vient bien la chercher demain matin pour qu’elle puisse enfin fixer un rendez-vous à l’agent immobilier pour la Bastide et prendre un avion pour rentrer chez elle.

Messagerie : « Félicien rappelle-moi c’est urgent, tu dois me confirmer ton arrivée demain matin que je m’organise, je n’ai plus de nouvelle depuis que tu m’as laissé à la Bergerie hier, je ne trouve pas ça très correct, je compte impérativement sur un rappel  ce soir ! Merci » Et bien voilà ça continue, mine de rien, Félicien ne l’a même pas appelée pour s’assurer que tout allait bien pour elle depuis qu’il l’a laissé ici dans une maison inconnue, c’est formidable !

Elle sent sa colère monter il vaudrait mieux que le notaire ne tarde pas à la rappeler parce que le temps ne va rien arranger bien au contraire.

Avant qu’il ne fasse nuit noire, Manon décide de donner à manger aux chiens pour les lâcher ensuite, elle ira jeter un œil à la grange vérifier que tout va bien pour les bêtes avant de se mettre à la cuisine pendant qu’elle tentera une visioconférence avec Cindy.

La pluie a encore fait tomber la température extérieure ou alors c’est l’humidité qui donne cette impression, elle frissonne et hâte le pas vers la grange, elle a servi les 3 gamelles des chiens sous l’appentis libre, qu’ils se dégourdissent un peu les pattes et qu’ils la rejoignent à la grange quand ils auront fini. Le petit toujours contre elle dans son pull.

En un tour de grange, tout semble aller, elle se contente de vérifier que les bêtes ont à boire et ramasser quelques œufs dans le petit enclos des poules, ils ont bien fait de les rentrer, le poulailler est à la pluie et complètement détrempé. Dans la grange il règne une douce chaleur à la forte odeur.

Pendant qu’elle ramasse les œufs, les chiens arrivent et semblent inspecter les enclos avant de se retourner vers elle prêts à la suivre.

La distance séparant la grange de la maison est de plus en plus pénible, à plusieurs reprises elle manque de s’étaler parterre tant le sol est glissant et boueux, tout ça n’est pas très engageant, elle ne l’a pas envisagé un instant mais pourvu qu’il ne soit rien arrivé au berger !

 

#Chapitre8 #NouvelleDeLavent

Après une halte sous l’appentis pour essuyer un peu les chiens avant de rentrer dans la maison la voilà installée dans la cuisine préparant sa soupe au lard et appelant Cindy en visioconférence sur la tablette.

-Yeahhhhh, je suis tellement contente de te voir, comment ça va ?

-Et bien jusque-là on s’en sort mais je serais soulagée quand tu seras revenue, j’ai une pause de 30 minutes entre deux patients tu as appelé juste au bon moment ! Raconte-moi tout !

-En résumé, le domaine dont j’ai hérité comporte plusieurs exploitations dont un élevage de bêtes, une fromagerie, une scierie et des serres en Italie, il y a aussi des actions et des assurances vie, Félicien m’a laissé entendre qu’à l’examen des papiers il lui semble aussi qu’il y a des maisons ou appartements, bref c’est énorme et compliqué mais surtout le notaire a cru intelligent de me laisser dans la maison de montagne de la Tante Rose au milieu d’un orage qui menace de tourner à la tempête, tu imagines la galère ?

-Ah mais ça je sais, ils en parlent à la météo, vous êtes en alerte rouge inondation et orages !

-Quoi ? Mais alors c’est du sérieux cette tempête est réelle, pourvu que je puisse partir demain le domaine est desservi par une piste qui part d’une route goudronnée…Mais c’est une catastrophe si je reste bloquée ici demain !

-Ecoute si c’est pour rentrer demain après-midi, ça n’est pas dramatique pour le cabinet, on sera fermé à 19h max, donc ça va aller, il faudra que tu sois rentrée pour lundi…ça te laisse trois jours pour descendre de ta montagne et prendre un avion…

-Oui tu as raison mais à l’idée de rester deux jours de plus avec le berger bougon…

-Le berger Bougon raconte ?

-Camille Gatti, le berger, très proche de Rose qui devait le considérer comme son homme de confiance, qui me voit un peu comme une usurpatrice et me le fait sentir à chaque occasion.

-Tu ne vas pas te laisser impressionner par un vieux montagnard ?

-Ah mais il n’est pas vieux, il doit avoir nos âges mais il a l’aplomb d’un Hermite de la montagne, il me tape sur les nerfs mais j’ai besoin de lui, il connaît tout et s’occupe de tout, il y a des bêtes, des employés, il faut quelqu’un pour surveiller tout ça.

-Ahahaha il a notre âge…il est comment ? Petit et boutonneux ?

-Pas du tout, c’est un grand costaud aux yeux verts, arrogant comme pas deux mais je dois le reconnaitre, très efficace !

-Et il vit  là-bas avec sa famille ?

-Non non il n’a pas de famille, je crois et il a un espèce d’appartement au-dessus de la grange.

-Voilà !

-Quoi voilà ?

-Il est parfait pour tourner la page Romain, indispensable, bien bâti et suffisamment pénible pour que tu rentres à Lilles sans regret !

-Mais qu’est ce que tu racontes, on est à mille lieux d’une ambiance romanesque tu peux me croire, ici c’est pas « Les oiseaux se cachent pour mourir » c’est plutôt marche ou crève et il est tellement pas sympa ! Seule réconfort j’ai hérité de ce petit bout’d chou que j’ai nommé #DieterLeFlocon d’amour ! dit-elle en posant sur le comptoir le chiot endormi.

-Ohhhhhh mais qu’est-ce que c’est que cette petite merveille ?

- Cadeau du berger pour servir d’alarme intrusion parce que la première nuit j’ai oublié de fermer la porte de la maison.

-Tu vois qu’il est gentil !

-Tu parles, il a fait ça pour me faire comprendre que j’étais moins maligne qu’un chiot à peine sevré !

-C’est quoi comme genre de chien ?

Manon attrape la tablette et oriente la caméra sur l’empilement de gros chiens, déjà endormis : « un de ceux-là je suppose » tiens je vais te faire visiter la maison, bon dehors c’est splendide mais là sous la pluie et de nuit, tu ne verras rien ! Viens je vais te montrer les trésors de la Tante Rose alors là tu vois le rez de chaussé avec cette belle table de ferme, cette cheminée dans laquelle on pourrait rentrer un demi tronc d’arbre et le salon, là on monte à l’étage vers les chambres et les salles de bains…

Elle était en train de redescendre par l’escalier en parlant avec Cindy et tout d’un coup Cindy la quittant des yeux regarde derrière elle en disant :

-Bonsoir Monsieur Gatti, Manon me faisait visiter la maison, je vais vous laisser discuter, prenez soin de mon amie Manon, c’est une gentille fille même si elle s’efforce de la cacher. Bonne soirée ma cocotte !

Et là Manon s’aperçoit que Camille était rentré pendant qu’elle était à l’étage avec sa tablette et Cindy en visio et qu’il s’était installé à table et s’était servi un café.

-J’étais avec mon associée pour lui raconter ces derniers jours et préparer mon retour, j’étais en train de préparer une soupe, reprenant son épluchage dans une grande marmite en fer blanc.

J’ai eu la surprise de voir arriver Giorgio et Baptistin que vous aviez appelés sans me prévenir, ils m’ont expliqué en gros le fonctionnement de leurs exploitations, j’ai la comptabilité de la scierie et le reste sera envoyé directement à mon notaire, j’ai…

-Ils étaient là ensemble ? Et ça s’est bien passé ?

-Si vous voulez dire par là qu’ils sont restés en vie, oui ça s’est bien passé mais j’ai bien vu qu’ils n’étaient pas en meilleurs termes…

-C’est le moins qu’on puisse dire, ils ne se supportent pas et à la dernière fête de la St Jean ici, ils se sont battus, j’avais dit à Giorgio de venir demain

-Il m’a dit qu’il ne savait pas si la route serait encore praticable demain et que c’est pour ça qu’il a avancé sa venue. Qu’est-ce qu’il s’est passé entre eux ? 

-Rien qui ne vous concerne et qui ne compromettra l’efficacité de leur travail respectif, ils en ont fait la promesse à Rose après la bagarre

-Rose n’est plus là…(Aimable était de retour ! )

-Oui mais toi tu es là et tout ce que Rose a bâti est là aussi, c’est à ça qu’il ont promis d’être loyaux, je ne pense pas qu’on puisse douter de leurs paroles.

-Est-ce qu’on doit aller à la fromagerie ?

-Je m’en suis occupé, ça va aller jusqu’à demain, j’ai  fait une rigole d’évacuation pour mettre les ruches à l’abri, Giorgio a livré des choses ?

-Ah oui, pendant que j’y pense il a livré des fleurs en disant qu’il fallait qu’on s’en occupe mais je ne sais pas ce qu’il faut en faire, vous savez vous ?

-Oui il faut les effeuiller et les sécher, c’est pour les fromages, je vais les chercher, il les a mis dans la remise ?

-Oui dans le sellier, à  propos de la remise, c’est quoi cette porte là-bas, elle mène à la remise, mais elle est fermée ?

-Oui c’est la porte pour l’hiver quand il neige et qu’il fait trop froid , la clef est pendue près de la cheminée, on ouvre la porte aux premières neiges ou au plus tard au premier jour de l’hiver sinon on la referme .

-D’accord, j’aurais bien aimé le savoir avant de me tremper à chaque fois que j’y vais…

-Je n’y ai pas pensé, je ne l’utilise jamais, garde la clef sur toi car il faut refermer à chaque fois, Rose y tient…y tenait (sa voix se casse en prononçant ces dernier mots…il cache sa peine mais il est lui aussi en deuil, je dirais même lui surtout). Je vais chercher les fleurs et te montrer comment faire, tu verras c’est facile et très féminin, une idée de Rose qui a fait un carton dès qu’elle a testé ses fromages roulés dans des pétales de fleurs séchées.

En jetant un coup d’œil sur son téléphone elle voit le message de Cindy, lui disant, il est top Mr Gatti, fonce et prends du bon temps

N’importe quoi ! Elle n’a vraiment pas la tête à ça, toujours pas de réponse de Félicien ! Au besoin elle prendra la vielle Toyota de la tante et elle l’a laissera à la Bastide ou alors le berger descendra avec elle et remontera la voiture car il ne semble pas en avoir une à lui , elle ne voudrait pas le priver de moyen de transport, même si jusqu’à présent il ne semble pas s’en servir.

Elle jette un coup d’œil sur sa soupe qui commence à prendre une bonne consistance, elle prend une jatte et prépare sa pâte à crêpe avec les œufs frais ramassés ce matin et ce soir et le lait traie du matin. Le berger lui a rapporté de la fromagerie la comptabilité mais aussi un gros morceau de beurre à peine moulé, c’est bon elle a tout ce qu’il faut pour ses crêpes.

Pour son dernier repas à la Bergerie c’est un petit festin qu’elle leur prépare.

Enfin à supposer qu’elle puisse rentrer demain… son téléphone vibre, c’est un message de Félicien enfin ! « Excuse-moi Manon mais je ne m’attendais pas l’autre soir en rentrant à Nice à la catastrophe qui nous est tombée dessus, il y a un énorme dégâts des eaux dans l’immeuble, la moitié de l’étude a été transformée en piscine , on a dû évacuer l’informatique, les dossiers, les pré archives, depuis mon retour je me débats pour trouver des solutions pour sauver l’étude, nos outils de travail et les dossiers des entreprises tout en continuant à travailler, et quand on va dehors le niveau d’eau continue de monter, le Var est sortie de ses berges et la partie Ouest de Nice est en partie inondée, je crois que ça ne se présente pas mieux dans la vallée où tu es, je ne vais pas pouvoir monter te chercher, je suis trop pris ici, en revanche je peux t’envoyer à mes frais un taxi pour te ramener à Nice. Dis mois ce que tu en penses que je programme ça pour demain matin 10h en espérant que la circulation ne soit pas coupée, je suis désolé, je te demande encore pardon. » 

Quoi ? Mais c’est dingue, la situation à l’air catastrophique en bas !

Elle va lui répondre qu’elle va se débrouiller avec la voiture de la tante. Elle verra avec le berger comment procéder.

Bon et bien voilà un mystère de résolu  au moins elle est fixée.

Camille revient avec deux cageots de fleurs : « il faut les effeuiller et les mettre à sécher près de la cheminée, ensuite on roulera des fromages frais dedans et on les laissera affiner tout est expliqué sur des fiches à la fromagerie. Pour l’instant il faut séparer les pétales et les déshydrater.

On se lave bien les mains et on le fait c’est très facile.

Assis face à la cheminée, ils se mettent à la tâche en silence.

C’est vrai que c’est agréable, il y a quelques roses odorantes, les autres fleurs ne le sont pas toutes mais la texture est douce.

-Est-ce que vous pourriez m’accompagner demain matin à Nice pour que je puisse rentrer, le notaire à un gros problème et il ne peut pas venir me chercher, on descendrait avec la Toyota et vous pourriez repartir avec sinon je vais être obligée de la laisser à la Bastide et il n’y aura plus de voiture ici.

-J’ai une voiture derrière la grange et puis il y a les quads et les chevaux…mais je t’accompagnerais demain, à supposer qu’on puisse passer la piste et que les routes soient ouvertes pour descendre la vallée, ce dont je doute fortement surtout si ça continue à pleuvoir comme ça ! On verra bien !

-Pourvu que vous vous trompiez parce que ça serait très embêtant, il faut qu’au plus tard je sois à mon cabinet lundi …

-Je comprends mais là c’est la nature qui décide …

-Je nous avais préparé un bon dîner pour mon dernier soir à la Bergerie …j’avais prévu des crêpes en dessert

-J’adore les crêpes, Rose m’en faisait souvent…

Sa voix à nouveau se cassait à l’évocation de Rose, Manon avait peut-être été injuste avec lui, il avait perdu plus qu’une patronne, une amie, comme une mère en fait …pourquoi Rose ne lui avait-elle pas légué le domaine ? Pourquoi à elle et pas lui avec qui elle avait partagé tant de choses ?

Ils avaient fini les deux cageots de fleurs, restait à faire sécher les pétales près de la cheminée mais elle ne serait plus là pour voir ça.

Il était temps de servir ce dîner, une bonne soupe paysanne, le gigot qui avait cuit doucement de longues heures, et juste faire quelques crêpes et les tenir au chaud.

-Je vais prendre une petite douche avant de passer à table, je baigne dans mon jus depuis ce matin et je n’ai pas ménagé ma peine…

- ok pendant ce temps je fignole un truc ou deux.

Elle avait eu le temps de faire un dizaine de crêpes

Il restait de la pâte pour ce soir ou mieux pour le petit déjeuner demain.

Elle essayait de s’occuper l’esprit pour éviter de penser au berger en train de se doucher de l’autre côté du mur, le pauvre a trimé toute la journée, il avait même veillé à lui épargner la fromagerie ce soir.

Elle ne pouvait s’empêcher de divaguer jusqu’à ce corps nu et musclé savonné sous l’eau chaude à quelques mètres d’elle…

Vite, chasser ses images, vite…faire à manger au chiot, préparer sa valise, appeler quelqu’un et pas cette diablesse de Cindy qui lui avait mis des idées insensées dans la tête !

Rédiger un mail pour l’agent immobilier en lui disant que malheureusement le timing de son séjour était très serré et qu’elle ne pourrait sans doute pas le voir cette fois ci mais qu’elle ne comprenait pas pourquoi, ils n’avaient aucune touche pour la vente de la Bastide, est ce qu’il y aurait quelques choses à faire pour rendre la Bastide plus attractive ?

Didi a ses pieds se trémousse il a sans doute envie d’aller dehors, elle l’accompagne sur le perron suivis des autres chiens, il pleut toujours c’est désespérant…que va t-elle faire de ce chiot ? L’emmener avec elle ou le laisser à sa vie d’avant son arrivée, 24h et ce bébé chien la suit comme son ombre et la regarde avec dévotion…mais à Lille entre le cabinet et l’appartement qu’elle sera sa vie loin des grands espaces auxquels il est habitué ?

Sa mère disait toujours ne t’inquiète pas pour eux en parlant des animaux de compagnie, quand ils sont aimés leur univers c’est le m2 autour de toi et tu es le centre de leur univers…

Didi le flocon montagnard, comment se passer de cette petite boule de poils qui ne la quittait pas ? Comment #Angus vivrait la présence du chiot ? Comment, comment, comment ? Manon décide d’aller vérifier si le linge est sec, sinon elle a vu un étendoir dans un placard, elle pourrait finir de faire sécher le linge près du feu. En fait malgré l’humidité ambiante il avait séché et restait à peine humide, le mettre près de la cheminée serait suffisant pouvoir ranger les vêtements et serviettes lavés.

Autant rentrer et profiter du temps qui lui reste ici et elle verrait bien quelle décision prendre à propos du chiot…

A SUIVRE