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Le blog de mademoisellepioupiou
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Tempête à la Bergerie  10ème partie

Tempête à la Bergerie 10ème partie

Tempête à la Bergerie  10ème partie

Chapitre #22 #NouvelleDeLavent

Retour de Baptistin Jalousie de Camille bagarre des deux hommes

#22 #NouvelleDeLavent

-Mais si bien sûr, tu as raison Gaspard on a de la cuisine à faire et on a intérêt à ne pas trainer si on veut avoir à manger ce soir lui répond Manon.

Renonçant à sortir, Manon va chercher son panier de pommes de terre les 2 économes qu’elle trouve et un couteau pour elle, elle montre aux enfants comment faire, Léa renonce à éplucher des pommes de terre c’est trop dur pour ses petits doigts. Elle décide qu’elle distribuera les pommes de terre à éplucher à son frère et à Manon.

Pendant ce temps-là Camille se demande pour Manon lui jette des regards furieux depuis qu’il est redescendu de l’étage, il laisse une maitresse passionné et retrouve une jeune femme en furie sans savoir pourquoi ; cette dualité est-elle chez elle un état permanent ou est ce de se retrouver à la bergerie qui provoque cet état. Il ne voit pas ce qu’il a pu faire ou dire pour provoquer sa colère ?

Dans ces conditions, il se concentre sur la lecture des fiches de fabrication des fromages de Rose, elle lui avait déjà montré comment faire et l’avait entrainé à le faire pour qu’il puisse la remplacer quand elle s’absentait, ce qui n’arrivait pas souvent. En parcourant le descriptif, tout lui revenait et ça serait aisé pour lui de si remettre. Si Manon acceptait de l’aider, il insisterait sur les phases délicates mais il ne doutait pas que la jeune femme saurait rapidement s’en sortir.

Quand il lève les yeux de ces fiches plastifiées, il s’aperçoit que le garçonnet et la jeune femme ont déjà fini de découper à la mandoline les tranches de pommes de terre et que Manon laisse aux enfants de beurrer le moule et de placer les couches de patates.

-Tu sais où se trouve la noix de muscade ?

-Euhh non si elle n’est pas dans la petite étagère à épices que je lui ai faite je ne sais pas ..

-Evidemment !

-Désolé

-Tu nous as ramené du lait et de la crème ?

-Oui j’ai tout mis au réfrigérateur,  je te les apporte ?

-Non je me débrouille. Allez les enfants, on sale on poivre, on laisse la gousse d’ail au fond et je mets la crème et le lait, et au four tout doux pour minimum 2h. Maintenant on va éplucher des pommes et faire de la compote pour ce soir, Gaspard tu rapportes toutes les pommes qui sont dans la coupe sur le comptoir de la cuisine et on s’y met.

-Tu auras du temps pour potasser les fiches de la fromagerie ?

-Il faudra bien !

-Si tu ne veux pas aider, je me débrouille tout seul…

Manon regrettait déjà sa remarque, Camille abattait déjà un travail énorme seul, elle se devait d’aider et de le soulager un peu ! Tout à l’heure en même temps que sa prise de conscience de leur légèreté elle s’était en même temps inquiétée des armes, cachée dans la maison, elle était vite allée dans sa chambre et s’était rendue compte que la carabine n’était plus sous son lit mais en haut de la plus grosse armoire avec une boite de munition, pareil dans la cuisine la carabine et les munitions  étaient tout en haut d’un meuble de la cuisine, Camille sans doute y avait immédiatement pensé et avait remédier au risque que ca présentait avec des enfants à la maison…comment pouvait-il être si prévoyant et là…

-Non, non je le ferais mais comment faire avec Léa ? dit-elle dans un mouvement d’humeur…

-Je vais bricoler un petit siège pour elle, dans le bureau elle pourra regarder la télé ou des vidéos, il y en a, là sur l’étagère ou s’amuser avec une tablette, le temps que tu fasses quelques fromages. Demain matin je me dépêche de faire mon travail avec les bêtes, je les sors et on vous rejoint avec Gaspard pour que je te montre comment faire.

Pour l’instant les enfants vous êtes restés assez longtemps enfermés on va jouer dehors avec les chiens, j’ai tout ce qu’il faut dans la remise, des ballons, des balles, un frisbee, ça va faire du bien à tout le monde dit-il en fixant Manon qui a l’air toujours aussi revêche.

Toute la joyeuse petite bande s’ébroue dehors, même le chiot sort et essaie d’attraper un ballon aussi grand que lui n’arrivant qu’à rouler avec le ballon.

Manon ne peut qu’admirer l’aisance avec laquelle il s’occupe des enfants, on dirait qu’il est habitué à le faire. Elle a des remords de lui en vouloir autant, il n’est pas le seul responsable de la situation !

Elle rentre mettre sa compote sur le feu et commence à lire les fiches, au bout d’une heure, tout le monde rentre, Camille et les enfants se mettent à préparer les gamelles pour les chiens et le chiot, tout cela dans un joyeux vacarme.

-Les enfants…ça va être l’heure du bain, je vais les préparer et je viendrais vous chercher.

Deux heures plus tard, ce petit monde est en pyjama est prêt à dîner, Manon a juste à cuire les grosses saucisses juteuses que Camille avait rapporté du congélateur, en se demandant combien de temps pourraient-ils tenir avec ces trois congélateurs ?

-Regardez les enfants, je vous ai trouvé des BD dans la bibliothèque de Rose vous allez les regarder pendant qu’avec Manon on va dans la remise chercher à manger pour demain, ça vous dit du poulet ?

-Z’adore le poulet Maman elle fait des frites avec le poulet !

-D’accord on va voir  si on peut faire ça nous aussi, tu viens Manon ?

Dès la porte refermée, il lui fait face :

-Mais qu’est ce que tu as ? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ta colère ?

-Qu’est ce que tu n’as pas fait plutôt !

-Oui ?

-On ne s’est pas protégés !

-Oui c’est vrai…je n’y ai pas pensé ou plutôt sans vouloir être désagréable je n’ai pas eu le temps d’y penser… rien n’était prévu…

-Ahhh je m’en doutais de celle là ! C’est de ma faute !

-Je ne dis pas que c’est de ta faute mais enfin je ne me doutais pas de ce qu’il arriverait, je suis venu dormir à la Bergerie parce que tu étais malade brulante de fièvre, je n’ai pas pensé que j’aurais besoin de préservatifs et puis tu es venue et tout à l’heure dans la salle de bain …tu comprends, tout a été si soudain !

-Tu aurais pu dire non ! D’attendre d’en avoir ?

-Vraiment d’attendre ? Mais j’en ai ! Mais pas ici, chez moi à 500 mètres…

Ah et bien c’est la meilleure celle-là, tu en avais et tu ne l’as pas dit ? 

-Mais…tu es injuste avec moi ! Je n’ai aucune maladie, j’utilise toujours des préservatifs !

- Pas toujours !

- Je vais aller les chercher…

-C’est trop tard !

-Mais…et toi tu aurais pu y penser aussi après tout, tu n’as rien dit…je ne m’attendais pas à  ce que tu me rejoignes…

-J’étais venue la veille…

-Bon ok, c’est de ma faute, je suis un connard et tu me détestes mais je suis sûr que je ne t’aurais donné aucune maladie ! Je n’ai plus faim, inutile de m’attendre…Dit-il en partant la laissant seul dans la remise.

Elle n’a même pas eu le temps de lui parler du problème de contraception…c’est vrai qu’elle a été injuste, elle s’en est pris à lui parce qu’en fait elle est très en colère contre elle-même, c’est elle qui a pris l’initiative à chaque fois, il aurait pu l’arrêter mais pour être très honnête elle aurait dû s’arrêter tout seule, elle aurait pu, elle ne l’a pas fait non plus…

Elle va se rattraper et lui dire qu’elle lui demande pardon pour son ton, elle est aussi responsable que lui, elle s’en veut, elle ne sait pas où il est parti, elle l’a vexé voir pire elle lui a fait de la peine, elle lui dira ce soir quand il rentrera.

Et maintenant il faut qu’elle se débrouille pour trouver un poulet dans un des congélateurs et qu’elle trouve une explication à l’absence du berger pour les enfants…quelle idiote !

Elle sentait des larmes couler sur ses joues, donc maintenant elle avait fait une super connerie, très angoissante et elle avait fait fuir la seule personne avec qui elle pouvait en parler, elle avait fait fuir l’homme dont el ;le rêvait la nuit mais aussi le jour, elle avait fait fuir la seule personne pour le soutenir dans cet isolement dans cette montagne coupée du monde, c’était vraiment une bon idée de déchainement de reproches qu’elle aurait pu se faire à elle-même. D’ailleurs elle n’avait elle-même pas pensé à emporter des préservatifs…

 De retour dans le salon et avant que les enfants posent des questions elle leur dit :

-Camille a dû partir à la grange il y a une bête malade, il a dit de ne pas l’attendre qu’il va rentrer tard…

-Mais il n’a pas manzé ! Et il va pas faire dodo ?

-Il a pris du fromage ment-elle et puis bien sûr qu’il fera dodo mais plus tard !

-J’ai trouvé le poulet et on fera des frites demain, on se débrouillera s’il n’y a pas de friteuse, mais je suis sûre que Rose avait une friteuse.

Malgré ses efforts toute la conversation du soir va tourner autour de Camille et de cette mystérieuse bête malade, quelle bête, qu’est-ce qu’elle a ? Elle doit se faire violence pour retenir ses larmes face à cette assiette vide, en si peu de temps ce diable d’homme a pris une place énorme dans la vie de la jeune femme… Elle va l’attendre ce soir et voir comment se réconcilier.

En réalité, il n’est pas rentré, elle l’a guetté une partie de la nuit, elle ne sait pas où il est, elle est allée sur le perron pour voir mais rien la grange est plongée dans l’obscurité, il ne semble pas $etre parti là-bas, il est parti sans les chiens, où peut-il bien être.

Elle a fini par s’endormir le cœur lourd s’en voulant de ce qu’il se passait.

Le lendemain matin dès son réveil elle va voir dans la chambre contiguë si Camille a fini par rentrer, rien, personne le lit n’est pas défait, rien n’a bougé, elle s’élance dans l’escalier pleine d’espoir mais il n’est pas non plus en bas, juste un mot disant je viens chercher Gaspard à 8h30  pour la grange je lui ai promis de le faire participer, j’ai sorti la friteuse de Rose pour les enfants, inutile de venir à la Fromagerie, je me débrouille et j’emmènerais les enfants se promener cet après-midi avec les chiens

Il l’a gommé du planning de la journée, il est redevenu le berger bougon mais cette fois ci elle est seule responsable, elle ne sait pas comment faire…elle a envie de pleurer, de rage mais aussi de tristesse, elle a tout gâché. Elle ne savait pas encore qu’il ne s’agirait pas que d’une seule journée et elle ne savait pas comment rattraper les choses.

Le berger était devenu un ombre qui apparaissait et disparaissait, il ne dormait plus à la Bergerie, il n’y passait que pour les enfants en fait, il n’adressait quasiment plus la parole à Manon, il paraissait enjoué mais dès qu’il quittait le champ de vision des enfants son visage se fermait, il l’ignorait tout en l’aidant pour tout, laissant ça et là des mots impersonnels et froids, assumant toutes les tâches seul, elle avait bien tenté une fois d’aller le rejoindre à la fromagerie avec Léa, il n’avait parlé qu’à l’enfant lui proposant même de rester avec son frère et lui et de laisser Manon se reposer tout cela sans jamais croiser le regard de la jeune femme.

Elle était redevenue une intruse et sa peine était grande d’être exclue de la vie du berger. Bientôt une semaine que les enfants étaient là et si au début cette vie de famille était plaisante là ça devenait irrespirable. Elle pleurait doucement et silencieusement dans son grand bol de miel au côté de la petite fille endormie serrant son doudou lapin contre elle et sa tototte dans la bouche. La chaleur du corps du berger lui manquait mais pas seulement, sa façon de toujours trouver des solutions, de ne rester calme et serein en toutes occasion, d'être là toujours prêt à la rassurer, tout ça lui manquait terriblement, ils étaient désormais de chaque côté du miroir.

 Les enfants étant devenus leur seul lien, passant de l'un à l'autre sans se rendre compte de ce qu'il se passait entre les deux adultes, quelle ironie ils avaient tellement cherché à cacher leur liaison et leur rupture elle se cachait d'elle-même.

Au loin, il lui semble entendre le bruit d’un moteur mais ça ne peut pas être ça, à cette heure Camille est Gaspard doivent être à la fromagerie.

Il est 11h, le gratin de pâtes n’attend plus que de passer au four, elle a mis la table pour trois, désormais elle a compris qu'il ne prendrait plus ses repas à la bergerie... Elle avait espéré son retour, tenté de s'excuser de sa véhémence contre lui, mais il faisait en sorte de ne jamais être seul avec elle.

Là comme tous les jours, il allait juste ramener Gaspard puis prétextant une tâche urgent à faire il allait s’éclipser jusqu’au début d’après-midi où il reviendrait chercher les enfants pour les emmener seul faire quelque chose dont elle serait encore gentiment exclue… le fauteuil de Léa, la cabane dans les arbres, cueillir des fruits, ramasser des champignons, brosser les ânesses et les chevaux…mais toujours sans Manon.

Elle ne rêvait pas c’était bien le moteur d’un quad qu’elle entendait, l’engin se rapprochait de la Bergerie, elle ne sait pas qui ça pourrait être ?

 

 

Chapitre #23 #NouvelleDeLavent

 

#23 #NouvelleDeLavent

Elle finit par reconnaitre la grande silhouette, c’est Baptistin ! Elle ouvre la porte de la Bergerie et s’élance à l’approche du bucheron qui arrive à point nommé pour la détourner de sa peine et du silence dans lequel Camille l’a enfermée.

Quel plaisir de le voir arriver, son quad chargé et une remorque attelée derrière, il lui apporte aussi un peu de bois !

-Baptistin mais quel plaisir de vous voir, je ne savais pas que vous alliez venir, les enfants vont être ravis d’avoir des nouvelles de leur parents ! Comment allez-vous ?

-ça va je suis passé par la scierie pour voir si tout allait bien et je vous ai rapporté un peu de bois, Camille est là ? Il m’a dit que vous avez été bien malade ?

-Non à cette heure-là il doit être à la fromagerie. Vous voulez un café ?

-Non merci, j’en ai dans ma thermos je vais rejoindre Camille pour lui faire la surprise ! Vous voulez venir aussi ?

Elle serait bien venue mais elle n’avait pas envie que Baptistin se rende compte de la situation prétextant sa cuisine à faire, elle refuse poliment

-Camille ?

-Oh Baptistin tu es rentré ? Regardez les enfants qui vient d’arriver ! J’en déduis que tout va bien chez Grégoire.

-Disons qu’ils sont tous les deux sur pied mais que le problème de l’électricité demeure, j’ai déplacé avec Grégoire l’armoire en fer en pleine ombre dans laquelle Justine a sauvé toute la nourriture il y fait -5°C même en plein midi ça devrait aller, elle a fait plein de conserves, il y a des poules et une vache qui donne du lait, ils vont se débrouiller.

On a déplacé aussi la réserve de bois au plus près de la maison, pour l’eau ils ont comme ici une source donc ça va aller. Avec Grégoire on est même monté sur le toit remplacer quelques tuiles qu’il avait en réserve …ses bêtes vont bien on les a relâchées au pré…voilà ça roule, c’est pour ça que je suis revenu, et toi tu t’en sors ? En revanche sans électricité je pense qu’il vaut mieux que les enfants restent ici !

-Ici, ça va, on a aucun dégât, on est juste isolé du reste de la vallée, on s’est débrouillé avec les enfants, ils peuvent rester aussi longtemps que nécessaire, il n’y a pas de problème…

-Et avec la nièce ? Tu sais ce qu’elle va faire du domaine ? Elle m’a semblée un peu éteinte ?

-Oh ça va, c’est une fille de la ville mais ça va. Eteinte ? Elle doit en avoir marre de jouer à Heidi, elle doit avoir hâte de retrouver sa vie et de partir.

En prononçant ses mots, Camille réalise à quel point ça lui faisait mal, il avait le cœur brisé et en bon montagnard, il s’était muré dans le silence pour panser ses plaies. Il ne savait pas faire autrement, il se protégeait comme ça, il avait vécu de nombreuses années avec sa mère célibataire, n’avait jamais connu son père, elle avait fini par avoir des enfants avec un autre homme. Il avait longtemps cru qu’il faisait enfin partie d’une famille avec ses frères et sœurs sa mère et son beau père

Jusqu’à ce qu’ils lui annoncent qu’avec ses deux frères et sa sœur ils émigraient au Canada et qu’il n’était pas compris dans le voyage, il venait d’avoir 18 ans et sa propre mère l’abandonnait sur le bord de la route comme un paquet encombrant, c’était il y aura bientôt 20 ans, elle l’avait rassuré en lui disant tu fais tes études à Marseille, avec ta bourse et un petit job tu devrais pouvoir t’en sortir, l’été place toi chez un paysan, là bas on ne pourrait pas te payer des études, quand tu auras fini tu pourras nous rejoindre…

 il avait erré sans but pendant plusieurs mois, n’ayant en tête que ses études, les achever et s’en sortir. L’été comme saisonnier chez Rose, il avait travaillé comme un damné…elle avait entendu parler de son histoire et avait décidé de le prendre lui aussi sous son aile.

Il avait achevé ses études mais avait décidé de rester à la ferme, ça avait déclenché un terrible affrontement entre Rose qui voulait qu’il exerce le métier pour lequel il a tant lutté et lui qui voulait tourner le dos à cette vie où sa mère l’avait abandonné ne s’intéressant à lui que lorsqu’il serait vétérinaire…

Rose avait finalement lâché prise redoutant que Camille ne change pas d’avis mais fuit le domaine pour proposer ailleurs ses services de Berger.

Voila comment Camille avait appris à cacher sa peine et à tourner le dos à ceux qui lui font du mal…

Manon avait été la seule personne à part Rose  qui ait réussi à transpercer sa carapace et une fois de plus ça lui a déchiré le cœur.

 

Pourtant la douceur de la jeune femme lui avait tellement réchauffé le corps et l’âme qu’il avait cru l’espace d’un instant qu’il pourrait avoir une autre vie, une vie heureuse partagée avec une femme qui lui serait loyale…mais ça ne devait pas exister pour lui !

Il avait mal, si mal, elle lui avait fait mal, elle aussi …

-Je voudrais rester un peu à la Bergerie, je vais demander à Manon si elle est d’accord je n’ai pas assez de réserves à la scierie. Je ne tiendrais pas bien longtemps, j’irais chasser pour ne pas trop peser sur les vôtres mais je ne peux pas rester seul là bas, j’irais passer quelques jours chez Grégoire donner un coup de main en alternance avec la Bergerie si c’est ok pour vous deux.

-Ah mais tu sais moi, je ne suis qu’un employé ici, un coup de main est toujours bon à prendre parce qu’entre les bêtes et la fromagerie je ne chôme pas.

Il ne manquait plus que ça dans le tableau, l’arrivée et l’installation du play boy de la vallée, cette fois ci  ça allait le rendre dingue !

Va voir les enfants ils sont dans le bureau ça va leur faire plaisir d’avoir des nouvelles de leurs parents.

Décidément, c’était une période faste !

Vois avec elle, je ne pense pas que ça posera de problème.

Reposant la tasse de café que lui avait servie le bûcheron, il retourne à ses fromages.

Quel avenir aurait il ? Quelque soit la décision de Manon à propos du domaine, ces jours ici seraient comptés car si elle vendait, il ne resterait pas et si elle ne vendait pas, il ne resterait pas non plus à son contact douloureux, il ne pourrait pas longtemps supporter d’être près d’elle ou en relation avec elle.

Ici c’était chez lui mais il ne pourrait pas rester…encore moins si Monsieur joli cœur faisait les yeux doux à la femme qui hante ses pensées.

L’idée de ces deux là devenant complices lui tordait le ventre , il  n’allait pas le supporter… le voilà coincé dans un dilemme, soit il rentre dormir à la bergerie pour ne pas les laisser en tête à tête tous les deux, soit il continue à dormir chez lui au dessus de la grange et il se ronge de l’intérieur en les imaginant… à quel moment Camille était devenu le jouet d’une citadine irascible ?

Normalement il devrait ramener les enfants à la bergerie pour leur déjeuner et lui manger un bout de fromage et boire un verre de lait au soleil près de l’enclos des chèvres, avec la présence de Baptistin tout est remis en cause, s’il affichait leur différent, le bûcheron allait chercher à savoir pourquoi et il trouverait. Il fallait donc qu’il ait l’air normal, pour Baptistin il s’était installé à la Bergerie pour soigner Manon puis pour s’occuper avec elle des enfants…donc il fallait y retourner quitte à passer pour un gros jaloux qui se dégonfle ! Mieux valait ça, de toute manière Manon avait une piètre opinion de lui, que de laisser se répandre une rumeur sur ses relations avec Manon que beaucoup appelaient déjà l’héritière !

Manon fut surprise de les voir arriver tous les 4, elle affichait un large sourire espérant que Camille verrait sa joie qu’il revienne

…elle s’affairait pour rallonger le repas qu’elle avait préparé pour elle et les enfants et qui risquait d’être un peu court pour 5…elle aurait dû y penser plus tôt !

- Manon, je n’ai pas suffisamment de provisions à la scierie pour y rester et je m’y ennuie parce que je n’ai  pas grand chose à faire alors qu’ici et chez Grégoire il y a beaucoup à faire. Je pensais me partager entre la Bergerie et la ferme pour aider et comme Camille habite ici, je pourrais peut être m’installer chez lui au dessus de la grange ? Est ce que vous seriez d’accord ? Camille ?

-euhhh Oui oui bien sûr c’est d’accord pour moi ! Camille était stupéfait il n’avait pas imaginé cette troisième possibilité ! La suggestion de Baptistin lui ôtait une épine du pied, il n’aurait pas l’air d’un gros jaloux et il ne se rongerait pas les sangs tout seul chez lui !

-Mais quelle bonne idée Baptistin, Camille fait tout seul, il refuse que je l’aide et je serais rassurée  qu’il ait un coup de main !

-Je ne veux pas peser sur vos réserves de nourriture donc j’ai pris de quoi aller chasser tous les jours.

Sur le quad à l’avant il y a des affaires que Justine m’a données pour les enfants et j’ai rapporté du bois, je pourrais y retourner en cas de besoin.

- Ouhlala ne t’inquiète pas, Rose a stocké plusieurs stères de bois entre la remise et la grange, on aurait de quoi brûler pendant des années sans que ça se voit !

-Oui et pour la nourriture, ça devrait aller mais je ne serais pas contre un peu de gibier si c’est pour manger et pas pour le sport !

-Je ne chasse que ce que je consomme, jamais plus ! Quant au bois je suis bien placé pour le savoir mais je ne voulais pas arriver les mains vides…j’ai apporté quelques bocaux de cèpes et d’autres séchés. J’ai pris dans mon congélateur un de mes lièvres aux cèpes je pense que d’ici ce soir il sera bon à réchauffer ! Avec une bonne bouteille ça sera parfait.

-Merveilleux, ce soir ça va être la fête, il faut que je prépare un dessert à la hauteur du menu !

-Tiens les enfants à propos de dessert, on pourrait faire des gaufres pour le goûter, j’ai encore rapporté du lait et de la crème pour faire de la chantilly !

- On fera plus de chantilly et avec je servirais une belle Tatin de figues !  Voilà comment on improvise une fête ! Mais pour les gaufres, il y a un gaufrier ici ?

- oui il y en a un mais pas du genre auxquels une fille de la ville va penser, il s’adapte sur le feu ou sur un poêle. Après déjeuner, je vais préparer la pâte puis on ira cueillir des figues dans le verger  pour qu’il y en ait assez pour le dessert de Manon.

C’était la première fois depuis une semaine que Camille parlait d’elle en la regardant, son cœur battait la chamade, il n’était plus fâché…c’était fini elle était redevenue visible pour l’homme dont elle rêve.

Camille est déjà en train préparer tous les ingrédients pour faire les gaufres et Manon l’interrompt…

 - Attention les gaufres c’est une spécialité des nordistes et si tu veux qu’elles soient croustillantes à l’extérieur il faut les faire à la bière, le lait ça ramollit les gaufres, tu as de la bière ?

-Oui il doit y en avoir dans la remise sinon j’en ai chez moi, il en faut combien ?

-Une seule ça suffit, deux peut être car on est 5.

-Je vais chercher ça.

Ils étaient tous les 5 à table et l’ambiance si pesante ce matin encore était redevenue joyeuse, Manon se surprenait à espérer retrouver son intimité avec le berger, était-ce possible ?

Les trois quads descendaient de concert vers le verger, les enfants étaient fous de joie, les chiens galopaient derrières eux. Ils allaient rapporter plein de fruits, les dernières pêches et abricots, du raisin, des pommes et des poires mais surtout de merveilleuses figues verte ou noires enfin ceux qui n’auraient pas trop soufferts de la tempête !

Revenus à la maison, les bras chargés de fruits, la petite troupe s’installe devant la cheminée a l’exception de Baptistin qui est parti s’installer chez Camille.

Elle n’ose pas trop se rapprocher, l’équilibre entre eux semble encore si fragile. Mais elle rêve que ce soir elle s’endorme au creux de ses bras. Elle le regarde et ça suffit à la rendre heureuse, c’est tellement simple. Il semble être redevenu le Camille d’avant de celui de la passion…

C’est elle qui a finalement préparé sa pâte avec de la bière mais c’est Camille qui s’est mis aux fourneaux, il a préparé une chantilly mousseuse et onctueuse avec la bonne crème de la bergerie.

-Je pense à une chose si on se retrouve avec trop de lait on pourrait faire de la glace avec la crème et les fruits du jardin, Rose a un carnet de recettes de glace qui lui vient d’une italienne qui travaillait avec sa mère quand elle était petite…encore une section qu’elle avait pensé développer quand elle aurait le temps, fabriquer des glaces d’exception avec son lait et ses fruits bio.

-Elle voulait se lancer dans la fabrication de glaces, elle avait mis au point des recettes ?

-Oui, elle a même fait bâtir un local à proximité du verger mais au bord de la route pour assurer l’acheminement par camions réfrigérés. Il n’y a plus qu’à l’installer et commencer la production les restaurateurs qui  lui achètent fromages, crèmerie, fruits et légumes étaient très intéressés, elle les avait fait monter ici à la fin de l’été pour leur faire tester ses premiers essais, tout ça est parti en fumée un matin devant le marché couvert de Vintimille …

-Les gaufres sont prêtes ? dit Baptistin en rentrant dans la maison, ça y est je suis installé, merci Camille, ton appartement est très confortable, je vais m’y plaire !

Ne t’y plait pas trop parce que tu ne vas pas y rester longtemps avait envie de lui dire Camille !

Le reste de la journée s’est déroulé au coin du feu à raconter des anecdotes sur la vie de Rose, son grand cœur, son courage, sa bienveillance. Curieusement les deux demies sœurs avaient vécu la même tragédie du veuvage jeune et avaient relevé le défi de faire prospérer leurs situations, l’une avait tenté d’enfermer sa fille unique dans les projets qu’elle avait conçus pour elle et l’autre n’avait eu de cesse que d’aider sur son chemin de vie des oiseaux tombés du nid, Baptistin en était un aussi, Manon avait compris qu’il était en perdition quand il a connu Rose et qu’elle l’a aidé à se relever. Pourquoi Rose était si ouverte et bienveillante et Honorine si exclusive et égoïste ?

Manon était montée avec les enfants pour le rituel du bain, elle s’était rendue compte qu’au moins la petite fille tombait de fatigue et qu’elle se contenterait largement d’un biberon avant d’aller se coucher plus tôt que tout le monde, même Gaspard avait l’air de piquer du nez. La petite fille somnolait déjà sur le canapé pendant que Manon lui réchauffait un biberon…

A SUIVRE