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Le blog de mademoisellepioupiou
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Tempête dans la Bergerie 6ème partie

Tempête dans la Bergerie 6ème partie

Tempête dans la Bergerie 6ème partie

#Chapitre11 #NouvelleDeLavent

A pleine allongée sur le canapé elle sent le chiot se blottir dans ses bras, qu’on la couvre tandis qu’elle s’enfonce dans un univers peuplé de chiens, de porte et de ravins.

Sachant Manon au chaud et en sécurité, Camille s’élance avec les chiens en direction de la grange, il porte sa lampe frontale parce que la pluie s’est de nouveau tellement accrue qu’il est impossible de voir la grange d’ici. Il a tellement de fois parcouru le chemin entre les deux bâtiments qu’il pourrait presqu’y aller les yeux fermés mais là le sol est détrempé et la difficulté n’est pas de ne rien voir ou presque mais ce sol qui se dérobe sous ses pas en avançant.

Au retour, il reviendra en quad les larges pneus devrait lui permettre de rentrer plus facilement.

A la grange il voit que les bêtes sont inquiètes, notamment les deux chevaux qu’il a récupéré près d’un bosquet…il va les rassurer espérant que le calme des uns se répandra sur la nervosité des autres, il ne peut absolument pas se permettre que la panique gagne le troupeau et notamment pas ni le bouc ni le taureau. Il enfile une combinaison de travail et commence à nettoyer le sol, d’enclos en enclos. Brouette après brouette le tas de fumier sous le auvent derrière la grange s’amoncelle il n’y aura bientôt plus de place , il ne faut pas que le fumier soit sous la pluie sinon des eaux nauséabondes vont se répandre un peu partout et notamment vers la bergerie.

Quand la tempête sera finie, il bâtira une sorte de cuve en plein air et sous abri pour le fumier, ça fait des années qu’il y pense mais ne prend jamais le temps de le faire, il se promet de le faire sans délai.

Toujours pensif, il monte à l’échelle pour atteindre les bottes de foin et les faire basculer sur le sol, il faudrait aussi agrandir la grange les différents enclos sont trop proches les uns des autres et le stock de foin est trop exiguë, il ne manque pas grand chose mais 50 m2 seraient certainement suffisant, il a tout le bois dont il a besoin et s’il fallait compléter, il demanderait à Baptistin de le prendre sur ses dotations annuelles de l’année suivante, s’il se faisait aider il en aurait pour un jour ou deux, peut être trois pour faire le tout, la cuve en béton ne pourrait toutefois pas être coulée avant le printemps, faire ça l’hiver serait le gage d’un mauvais béton, ça pourrait attendre, dans un premier temps d’abord construire un abris, un toit sur des piliers  et au printemps créer la cuve avec une barbacane d’évacuation du purin vers une petite cuve secondaire le tout sous l’abri…un vi9lent coup de tonnerre interrompt ses pensées, il sent la structure de la grange vibrer sous cette explosion ! Chaque bâtiment est muni  d’un paratonnerre les protégeant mais tant que la pluie tourne à l’orage il ne peut pas sortir de la protection électrique des paratonnerres, déjà ce matin il était inquiet à l’idée que la voiture attire la foudre même si en principe les pneus isolent la voiture du sol, tout le monde le sait il ne faut pas sortir durant un orage, il lui faudrait attendre la fin de l’orage avant de parcourir en quad ou à pied les presque 500 mètres qui séparent la grange de la bergerie et lui qui s’était dépêché car il voulait rejoindre Manon et s’assurer qu’elle n’était pas malade.

Il continue à étaler les bottes de foin sur le sol de chaque enclos, complète en remplissant les mangeoires et les abreuvoirs, il ramasse les  quelques œufs pondus et monte par l’escalier vers son appartement.

Rose lui reprochait souvent l’ambiance monacale de son petit logement, elle lui avait proposé de bâtir un logement à séparé pour ne plus être au dessus de la grange mais lui préférait cette proximité qui lui permettait dans la période des naissances d’être à une proximité des bêtes, c’était un parti pris, celui d’un berger. Rose disait qu’avec les moyens modernes, il avait la possibilité d’être connecté à la grange sans être si près…

Il préparait quelques vêtements chauds à laisser à la bergerie comme lui avait suggéré Manon, d’ici il voyait le grand bâtiment’ si proche si loin, il fallait attendre que l’orage se déplace, même pour quelques minutes, il prend son petit paquetage et le sangle sur un des quads en bas avec les œufs, tout est prêt, il n’y avait plus qu’à attendre une accalmie.

Le seul avantage de ce déluge, c’est que la foudre ne risquait pas de déclencher un incendie enfin disons que ça réduisait considérablement le risque…

Le spectacle du ciel zébré d’éclairs était grandiose.

Il s’était installé a l’abri sur deux bottes de foin pour guetter l’éloignement de l’orage, il était presque 16h et pourtant il faisait presque nuit, le ciel était noir, les éclairs avaient disparus il était temps de se mettre en route pour la bergerie, la pluie était même plus fine, elle s’arrêterait peut être, ce qui allait se passer cette nuit serait décisif sur les conséquences de cette tempête !

Juché sur un quad et suivis par les chiens, il franchit la distance entre les deux bâtiments en quelques secondes, là où tout à l’heure il a tant peiné à marcher, il rentre dans la remise et se gare à côté de la voiture, en profite pour sortir prendre un morceau de pain congelé, les chiens l’interrogent du regard ils hésitent à le suivre ou rentrer dans leurs niches…il les siffle et ils se précipitent derrière lui pour rentrer dans la maison.

Dans le salon, rien a bougé Manon dort sur le canapé en s’approchant il a l’impression de sentir la chaleur qu’il se dégage d’elle, son front est brûlant. Il var recharger en bois la cheminée et les poêles ainsi que ceux de l’étage, et allumera les quelques radiateurs d’appoint de la maison  puis il la réveillera pour faire baisser cette fièvre, ça n’était pas le moment d’avoir en plus le souci d’une malade !

Il lui avait dit tout à l’heure, il avait reconnu les signes de la fièvre sur elle.

Il lui prépare un grand bol de thé dans lequel il a plongé une rondelle de citron et une cuillère de miel, un verre d’eau fraîche pour prendre le médicament.

-Manon, Manon, réveille toi, tu es malade, il faut te soigner ! Tiens prends ça.

- Hmmm où je suis ? J’ai mal partout.

-Tu es dans le salon à la bergerie, tu as beaucoup de fièvre, il faut te soigner et peut être monter te coucher dans la chambre ?

- Merci dit elle entre deux gorgées pour avaler le comprimé, j’avais soif !

-Bois ce bol de thé citron miel ça te fera du bien aussi, tu veux que je t’aide à monter à l’étage ?

-Non, je préfère reste ici, je ne veux pas rester toute seule là haut.

-Maïs tu seras mieux dans ton lit

-Je n’ai pas le courage

-Je vais te porter jusqu’à la chambre et puis je viendrais te voir régulièrement, tu ne seras pas seule, le chiot et le chat seront avec toi et moi je serais en bas, tant que tu es malade je reste ici avec toi

-D’accord alors mais il faut le dire à Cindy…

- Je lui dirais mais toi tu te reposes, tu dors bien au chaud.

Il l’installe dans la chambre, la déshabille de ces vêtements trempés de sueur, il lui met le grand pyjama à carreaux qu’il a attrapé sur l’étendoir devant la cheminée. Il l’a recouvre de l’épaisse couette rajouté par-dessus un édredon et une couverture prise dans l’armoire.

Elle était à peine consciente, elle a aussitôt replongé dans un sommeil fiévreux… il l’a réveillerait dans 3 h au plus tard pour voir ce qu’il en était et aviserait, pourvu que ça soit un simple refroidissement et rien de plus grave parce que même si elle était médecin, fiévreuse et malade dans la montagne loin d’une pharmacie elle ne pouvait pas faire grande chose pour se soigner elle-même, si son associée appelait il pourrait peut-être lui demander des conseils mais avait elle seulement le numéro de la Bergerie

#Chapitre12 #NouvelleDeLavent

Il allait dormir ici, il utiliserait une des chambres, il avait déjà dormi ici à plusieurs reprises, ça serait peut-être l’occasion d’utiliser un des gadgets que Rose avait fait installer dans la bergerie, pour surveiller les enclos à distance sur son téléphone ou la tablette, il fallait la charger depuis son décès personne ne l’avait utilisée, elle devait être dans le tiroir du bureau avec son câble de chargement…

Il y avait tant de chose qui s’étaient  arrêtées depuis le décès de Rose, tout était allée si vite, elle avait été renversée par une voiture en traversant la rue juste devant le marché couvert de Vintimille où elle allait régulièrement depuis des décennies, un instant d’inattention et le conducteur n’avait pas vu Rose traverser et avait freiné trop tard, évacuée vers l’hôpital le plus proche, elle n’avait jamais repris connaissance. Il l’avait cherché pendant plusieurs jours car elle ne rentrait pas, il ignorait tout de ce qu’il s’était passé et c’est la police française qui l’avait contacté pour lui annoncer la terrible nouvelle.

Les choses s’étaient ensuite enchaînées comme dans un tunnel jusqu’à aujourd’hui où au milieu d’une tempête il se retrouvait à s’occuper de la nièce de Rose, il n’avait même pas eu le courage de tenter de la contacter pour les obsèques.

Deux heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait aidé  Manon à se coucher, en s’approchant d’elle, il sentait encore cette chaleur qui émanait d’elle, la fièvre n’avait pas baissé bien au contraire, le visage rougie trahissait l’état de la jeune femme.

Camille décide de lui passer un gant froid sur le front pour la rafraîchir, il lui prépare aussi un comprimé effervescent pour faire baisser la température.

C’est vraiment le pire moment qui soit pour tomber malade, il n’aurait pas dû la faire sortir de la voiture ce matin, ce n’est pas son poids qui aurait empêché de franchir la boue mais le danger l'avait guidé pour la faire sortir et c’est là qu’elle était tombée malade, il s’en voulait.

 

Elle avait avalé le breuvage frais sans vraiment se réveiller, dans un état second mais sans difficulté, elle respirait et déglutissait calmement.

Camille descendait l’étage avec le chiot dans les bras, c’était l’heure de la gamelle pour tout le monde, puis il sortirait avec les chiens avant d’aller lui aussi se coucher, il n’avait pas faim, il prendrait juste un morceau de pain et de fromage pour la forme, sinon il y avait largement de quoi manger pendant plusieurs jours avec les restes dans le réfrigérateur mais il n’avait pas le cœur ce soir.

Demain il ferait jour et il espérait que tout irait mieux, en remontant il avait déposé le chiot sur le lit  qui aussitôt s'est faufilé sous la couette dans les bras de sa maîtresse, au pied du lit toujours impassible le chat en boule.

Aussitôt allongé dans le lit de la chambre qu’il avait déjà utilisé, il s’endort malgré son inquiétude pour Manon.

Le jour s’était levé, première fois depuis longtemps que Camille l’avait laissé se lever avant lui, il s’était réveillé vers minuit pour aller contrôler l’état de Manon dans la chambre voisine, l’avait fait boire un verre d’eau fraiche, de ce qu’il pouvait en voir sa fièvre était tombée.

Toute la nuit l’orage avait tonné, il tournait au-dessus de la montagne sans vraiment faiblir, Camille entendait la pluie tomber toujours aussi fort 

Un coup d’œil à la grange par la tablette de Rose montrait que tout était calme là-bas, il pouvait prendre son temps. En regardant les infos locales il apprend que la nuit a été chaude pour les services d’urgences.

Ils allaient certainement avoir des surprise, sur son site de météo un message d’alerte disant que la circulation routière était interrompue sur toutes les vallées alentour, des eaux torrentielles ayant emportées une partie des routes et des ponts. Les jours à venir allait s’avérer bien compliqués et quand est ce que cette pluie allait cesser ?

Sur ces sombres pensées Camille se lève et s’habille, il va voir Manon et la trouve paisiblement endormie, une main sur son front lui permet de réaliser qu’elle n’a vraiment plus de fièvre elle dort et il entend sa respiration profonde et lente, sans un bruit il se retire avec le chiot qui doit sortir en même temps que les autres, et décide de prendre son petit déjeuner chez lui, avant de quitter la maison il lui rapporte la petite bête après l’avoir grossièrement essuyée avec un torchon puis s’élance vars la grange.

Dans son sommeil Manon a perçu du mouvement autour d’elle mais elle se sent si faible qu’elle continue à dormir.

Camille a hâte que les bêtes puissent être relâchées de leurs enclos, qu’il soit libéré de cette tâche répétitive du nettoyage des enclos aussi tôt dans la saison, d’habitude c’est réservé aux périodes d’enneigement de naissances. La traite et l’acheminement des laits jusqu’à la fromagerie et sa journée de travail serait accomplie.

Intérieurement il souhaitait qu’elle aille mieux bien sûre mais qu’elle reste tranquille aussi, de toute façon si la vallée était si bloquée qu’annoncée, le départ ne serait pas pour tout de suite.

Il pose les trayeuses sur les vaches, il s’occupe des chèvres et des brebis il en a au moins pour deux heures…

Il faut qu’il se renseigne un peu plus sur la situation, ils ne peuvent pas continuer à se contenter de ce qu’ils glanent sur internet, il a suffisamment de contacts un peu partout, il devrait avoir accès à plus de précisions.

Il va commencer par son copain pompier puis il téléphonera à la mairie mais on est samedi il n’y aura personne d’ici lundi. Et faire confiance au personnel du domaine, d’ailleurs il lui fallait prendre des nouvelles de Baptistin au milieu des bois sa situation était encore plus périlleuse, Guitte aussi,  elle habitait une maison de village dans la vallée, Giorgio dont les serres pouvait avoir subi des dégâts et puis quand même Grégoire qui même s’il ne l’appréciait pas vraiment. Ça reste un voisin, compagnon d’infortune au milieu de cette tempête. D’ailleurs quand il aura fini de s’occuper de ses bêtes il partira à la recherche de celles de Grégoire égarées dans la montagne.

- Allo Julien, je ne te dérange pas trop ?

-Non ça va, je suis en pause, je comptais justement d’appeler pour que tu nous dises comment ça se passe dans ton coin !

-Alors à la bergerie, la grange et la fromagerie  même ça va, aucun dégât apparent mais la piste pour descendre et rejoindre la route, là il y a eu une coulée de boue et les roches autour sur les parois sont déstabilisées. Je n’ai pas pu franchir la boue hier matin même en 4x4 même avec des planches et du grillage, pas moyen je glissais en travers, j’ai eu du mal à faire demi tour pour remonter à la Bergerie, la coulée de boue venait de l’ouest et avec la journée et la nuit de pluie ça n’a pas dû s’arranger, ça a dû continuer voir s’amplifier si tu m’envoies un de vos plans je matérialise la coulée tu pourras identifier son origine et sa trajectoire.

Donc nous on est isolés pour l’instant mais on a de l’eau, de l’électricité, internet et du réseau, donc c’est vivable.

Je vais joindre tout le monde autour et je t’enverrais un message pour te faire un topo sur notre coin.

La petite est malade mais ça a l’air de passer,

- Ahhh les filles de la ville ce n’est pas solides comme les montagnardes ! Tu crois qu’il faut qu’on t’envoie une équipe ou tu te débrouilles ?

-Écoute, elle est médecin donc avec la pharmacie de Rose et quelques trucs de grand-mère ça devrait aller. Et plus bas comment ça va ?

-Et bien c’est simple, une partie de la route a été emportée dans le lit de la rivière un pont aussi complètement et un autre partiellement, la plupart des villages au-dessus de Breil sont coupés du monde, Sospel ça va, quelques éboulements mais rien de trop grave, après le long des berges plusieurs maisons évacuées  se sont effondrées, de l’autre côté de Nice c’est pareil, 2 des nôtres sont portés disparus, un véhicule a été emporté par les eaux du Var en furie. Il va y avoir des morts, il y a des blessés, des gens qui ont tout perdu, c’est une catastrophe, je suis content que pour toi ça aille, j’attends ton message avec impatience, je vais te trouver une  carte détaillée pour que tu puisses matérialiser les point de tensions ça nous aiderait bien, on attend un drone qui devrait nous fournir aussi des images de la vallée.

Fais attention à toi, tant qu’il pleut évite de sortir et fais gaffe aux glissements de terrains c’est traitre et ça ne prévient pas.

- Ok, merci

Cette tempête que les anciens avaient prévue quelques jours plus tôt, avait été dévastatrice et on n’avait pas fini de le constater.

Installé sur les deux mêmes bottes de foin, il allait appeler tout le monde et faire un compte rendu aux pompiers.

-Allo ? Baptistin c’est Camille, comment ça va ?

- Ahhh et bien j’ai bien cru qu’on allait perdre beaucoup d’arbres en bordure de la clairière et notamment sur la scierie mais tu vois le pépé m’avait dit le mois dernier, tu devrais dégager la végétation autour des bâtiments, ce que j’ai fait et bien m’en a pris car les seuls arbres qui sont tombés sont ceux de la lisière heureusement loin des bâtiments.

On a de l’électricité, de l’eau, internet mais je ne sais pas si je peux descendre dans la vallée.

-Non, je ne crois pas, la piste est coupée par de la boue et il y a risque d’éboulements et des morceaux de la route ont été emportés, un pont… bref il ne faut pas bouger et faire très attention aux éboulements, toi dans le bois ça devrait aller mais ne t’éloigne pas, tu as du ravito ? Sinon viens nous rejoindre, on a ce qu’il faut ici et il y a de place…

-Pour l’instant ça va, j’ai ce qu’il faut et le pépé est descendu au village lundi, je l’ai eu au téléphone ce matin, il va bien et il a vu Guitte ça va aussi.

-Bon tu sais quoi faire et si tu as besoin, tu nous rejoins… Julien va me faire passer une carte détaillée pour que je lui indique les zones bloquées ou dangereuses, je t’en transfert aussi la copie comme ça tu peux aussi la compléter et nous informer pour ton coin

- Très bonne idée et je préconise qu’on s’appelle matin et fin de journée pour faire le point et s’assurer que l’autre va bien, ça te va ?

 - D’accord et si pas de nouvelles après quelques heures on déclenche des recherches, soit prudent, moi je vais juste faire un tour pas loin voir si je ne trouve pas des bêtes de Grégoire qui se sont égarées, d’ailleurs je vais l’appeler en raccrochant car le surplomb du cri au-dessus de sa ferme m’inquiète. A ce soir.

Comme prévu, la scierie s’en tirait bien, c’était une bonne chose de plus mais pour autant il se devait de lui offrir l’hospitalité même si l’idée d’inviter à la bergerie le Don Juan de la vallée ne le réjouissait pas trop, il s’entendait bien avec Baptistin mais il séduisait tous les jupons qui passaient sans même le vouloir, il est vrai que le bucheron était séduisant, ils n’avaient jamais été en concurrence directe mais il avait constaté les drames que ça avait provoqué avec d’autres, Giorgio le maraîcher italien, Bertrand le veto, Andrea le garagiste …la liste des infortunés est longue même si la plupart du temps il ne se passait rien, juste du flirt.

-Grégoire, c’est Camille, j’espère que tout va bien et que le surplomb a tenu bon, Julien des pompiers m’a dit que la route d’accès à nos exploitations avait été emportée à plusieurs endroits, on est bloqués chez nous, ici ça va aucun dégât apparent, j’espère que c’est pareil pour toi, je suis un peu inquiet pour toi et ta famille, si tu as besoin d’un abri, n’hésite pas viens ici. On doit se tenir les coudes, fais attention à toi et les tiens il y a des risques d’éboulements, c’est dangereux. Cet après-midi je ferais un tour pour voir si je ne trouve pas tes bêtes perdues je te tiens au courant, rappelle et dis-moi comment ça va !

Grégoire n’avait pas décroché, espérons que ça ne soit pas parce que la montagne lui est tombée sur la tête ! Ce surplomb au-dessus de la ferme c’est un problème, je ne comprends pas pourquoi la ferme a été construite en dessous…

-Guitte ? Oui c’est Camille comment tu vas ?

-Ça va et toi ?

-Nous ça va, on est bloqués ici mais tout va bien, Baptistin m’a dit que le pépé l’avait rassuré sur ton sort.

-Ah oui il s’inquiète de moi maintenant ?

-Au ton de Guitte, Camille comprends qu’elle a été victime du charme de Baptistin elle aussi…décidément il fallait qu’il se case de toute urgence et de préférence pas avec… Manon…

Mais pourquoi cette idée saugrenue ?

-Bon les pompiers ont confirmé que la route est coupée, reste chez toi et ne cherche pas à venir, c’est dangereux ! Prends soin de toi !

-Tu préfères rester seul avec la nièce ?

-A bientôt.

Mais qu’est-ce que c’est que cette remarque déplacée, qu’est-ce qu’elle veut dire par là et en quoi ça la regarde ?

 Qu’est qui lui prenait ? Elle était jalouse ? Mais jalouse de quoi ?

#Chapitre13 #NouvellesDeLavent

 

Il lui restait à acheminer le lait frais jusqu’aux cuves de la fromagerie, en gardant un bidon pour la maison et aller faire un tour pour voir s’il y avait moyen de dénicher les bêtes manquantes de Grégoire. Ensuite il aurait fini pour ce qui concerne son travail de berger…

Par acquis de conscience et pouvoir s’adonner à sa recherche sans arrière-pensée, il fait une halte à la Bergerie et s’assure que Manon va bien.

De retour dans la chambre de Manon il constate qu’au visage rougie de fièvre a succédé un visage  à la couleur redevenue normale,  toutefois sa respiration semble ronfler, il doit la relever un peu sur ses oreillers et la réveiller pour s’assurer qu’elle respire sans effort…

Manon ouvre les yeux mais semble épuisée, il la fait boire le verre d’eau fraîche qu’il lui a préparé avec un bol de thé au miel et une tartine …

-Merci mais je n’ai pas faim, je vais boire un peu de thé chaud, j’ai la gorge douloureuse. Quelle heure est-il ?

-Il est presque midi, tu as dormi, cette nuit tu as eu beaucoup de fièvre, j’ai dû te réveiller plusieurs fois, je t’ai mise en pyjama et j’ai mis une grande serviette éponge de bain sur ton drap et je l’ai changé à minuit car tu l’avais trempée, avec la fièvre tu as rendu toute l’eau qui t’es tombée dessus sur la piste !

Je voulais aller patrouiller dans la montagne à la recherche de bêtes égarées mais vu l’heure je ferais ça cet après-midi, je vais te préparer un repas léger …tu préfères froid ou chaud ? Laisse la tartine mais il faut que tu manges pour reprendre des forces !

-J’ai pas trop faim, mais plutôt froid ça passera mieux.

-Je te laisse, j’emporte le chien pour le faire manger et le sortir  je reviens d’ici une demi-heure avec ton plateau repas, tu veux que je t’allume la télévision ?

- Je n’ai pas trop la force de fixer mon attention mais pourquoi pas, donnez-moi la télécommande je l’éteindrais si ça me fatigue …je n’avais même pas remarqué qu’il y avait une télé !

-C’est un des derniers achats de Rose, il a une fonction spéciale, tu prends une photo du mur à côté et tu l’envoies à la télé, elle reproduit la photo pour imiter le mur donc si tu ne regardes pas de prés tu ne vois pas la télévision.

Rose s’était faite une très grosse entorse six mois avant de mourir et elle avait été obligée de garder le lit pendant 3 semaines, pour la motiver à rester dans sa chambre avec Baptistin on l’avait convaincu d’installer une télé ici, elle avait accepté à condition que ça ne soit pas trop moche, alors on avait trouvé ça ! Rose était très gadget, elle était moderne malgré son âge, c’est pourquoi la production de granulés de bois l’intéressait.

Elle avait aussi pour projet d’équiper la bergerie, la grange et la fromagerie en domotique, c’était très audacieux. Tiens voilà la télécommande de la box, elle suffit pour tout.

Allez, je descends, à tout à l’heure Manon

-Merci, Camille, merci pour tout.

Il était déjà dans l’escalier avec l’adorable #Didi. Elle voulait appeler Cindy mais elle n’avait pas le courage, c’est comme si ne serait-ce que garder les paupières ouvertes était le seul effort qu’elle arrivait à faire, elle se décide quand même à mettre la chaîne météo pour avoir des informations sur la situation.

Elle est tellement fatiguée qu’elle n’arrive pas à comprendre et relier les éléments entre eux, le préfet décrit une situation cataclysmique, mais tout ça lui semble irréel, elle n’arrive même pas à se rappeler quel jour on est mais elle comprend tout de même qu’elle n’est pas prête de pouvoir rentrer à Lille, il a l’air de dire que les vallées sont bloquées, les routes coupées, Manon bascule sur une autre chaîne de documentaires  c’est parfait. Elle se sent sombrer à nouveau dans les limbes…

En bas, Camille s’active, il a épluché des pommes de terres et des carottes du potager pour les cuire et les servir avec le saumon froid et une mayonnaise qu’il va préparer, lui aussi a branché la télévision et il écoute avec attention les informations de météo. Le chiot et les autres sont sortis, ils sont tous certainement derrière la porte, pressés de revenir somnoler au chaud.

Toujours pas de rappel de Grégoire, pourvu que ça n’annonce pas une tragédie.

Quarante-cinq minutes après, tout est prêt pour le déjeuner et Camille décide de mettre aussi son assiette sur le plateau pour manger là-haut avec Manon afin de surveiller qu’elle prend son repas sans tout refiler au chiot et au chat…

Ils mangent tous les deux dans la chambre de Manon, lui énumère ce qu’il a fait ce matin et ce qu’il a l’intention de faire, en lui précisant tout de même qu’il ne la laisse pas trop longtemps toute seule, que tant qu’elle est malade, il reste dormir à la Bergerie.

Elle a presque fini la petite assiette qu’il lui a préparé et il lui propose une grappe de raisins de Giorgio : c’est bon le raisin, c’est frais et tu manges ce que tu veux grain à grain, il est bien sucré, ça va te faire du bien.

-Peut-être, mais pas beaucoup alors…Il est bon, rien n’a de gout alors c’est difficile d’apprécier quoi que ce soit mais je vous remercie de prendre aussi bien soin de moi alors que vous avez déjà beaucoup de travail avec la Bergerie ! On n’est pas parti d’un bon pied vous et moi, c’est bête.

Tout va bien sinon à la grange et à la fromagerie ? J’ai écouté les infos, je n’ai pas tout compris seulement que je ne risque pas de pouvoir rentrer pour lundi, est ce que vous pouvez me rapporter ma tablette s’il vous plait, je vais prévenir Cindy et Fanny que je suis coincée ici pour au moins une semaine…

-Tu peux même compter plus parce que la route a été emportée donc il va falloir attendre que les sols se soient stabilisés pour permettre aux engins de chantier de passer pour évacuer les gravats et reconstruire la route, en attendant on est bloqués ici

-Qu’est-ce que vous voulez dire par là , plus d’une semaine, plusieurs semaines, un mois ?

-On sera content si ça n’est pas plusieurs mois…

-Quoi ???? Mais c’est une catastrophe !

- Oui mais surtout pour les gens qui sont morts ou pour ceux qui ont tout perdus….

- Oui je sais mais égoïstement je pense à moi, à mon cabinet, mon chat . Il faut que j’appelle Cindy de toute urgence, que je la prévienne, on va chercher un remplaçant car elle ne va jamais tenir le coup un mois toute seule !

Ma tablette, je l’ai laissée en bas près du canapé je crois, ça sera mieux pour passer une annonce et chercher tous mes contacts pour trouver des remplaçants, quel souci !

Tablette en main, elle a repris contenance, elle doit organiser son absence pour le cabinet mais aussi pour l’appartement !

-Cindy ?

-Ahhh enfin, je commençais à m’inquiéter, entre les infos et ton silence !

-excuse-moi mais dans ma vaine tentative pour quitter la montagne et rejoindre Nice, j’ai attrapé la mort, ça fait 24h que je dors j’ai eu une forte fièvre, Camille s’est occupé de moi…

-Ahhh tu l’appelles par son prénom maintenant, il y a du progrès ! Ça avance notre petite histoire ? Si j’ai bien compris tu ne seras pas au cabinet lundi ?

-Arrête avec tes bêtises, tu as bien compris aucune chance que je sois à Lille lundi ni même les quelques lundis qui vont suivre !

-Quoi ?

-La moitié de la montagne s’est éboulée, les routes ont été emportées, les trois vallées autour de Nice sont coupées du monde et comme je suis chanceuse, apparemment c’est la nôtre la plus touchée, ça va prendre des semaines pour dégager les gravats et reconstruire la route. Je suis bloquée ici pour un bout de temps, sans doute un mois ou deux !

-Quoi, mais c’est dingue !

-Il faut chercher tout de suite un remplaçant pour t’aider avec le cabinet pendant mon absence et aller vérifier chez moi le courrier pour suivre ce que j’ai à faire ou à payer, tu as la clef si ça n’est pas déjà fait prends #Angus chez tes parents et remets l’alarme.

Je n’ai pas le choix, il faut que je suive mon courrier à distance avec toi. La plupart des règlements se font par prélèvements aussi bien pour le cabinet que pour l’appartement donc ça devrait aller, tu penses bien que je ne peux pas recevoir de courrier ici, et je m’estime heureuse d’avoir internet et de l’électricité, j’espère que ça va durer. Il pleut encore alors tout est possible…

Je sais que c’est lourdingue mais je peux compter sur toi ?

D’ailleurs si tu le souhaite, installe toi à l’appartement comme ça tu seras à deux pas du cabinet et tu pourras t’échapper un peu de la pression familiale ? Tu choisis ce qui te va le mieux…

-Ca n’est pas une mauvaise idée, je serais ravie de sortir du champ de vision de Maman et aller bosser à pied quel bonheur ! Je vais chercher aussi un remplaçant pour toi, je prévois quelle durée ?

-Un mois sûr, peut être deux mois…

-deux mois, quelle galère, on peut remercier le notaire de t’avoir laissé là-bas en pleine tempête !

-Aux dernières nouvelles, il est lui aussi dans la mistoufle, son étude est sous les eaux, il a un énorme dégât et tu penses bien que vu la situation avant de trouver un couvreur ou un plombier pour leur fuite, il leur faudra attendre de passer derrière ceux dont le toit s’est envolé ou ceux dont les canalisations sont éventrées …

-Bon et bien il n’y a plus qu’à prier pour te trouver vite un remplaçant et que ta montagne se dégage rapidement, je vais passer quelques coups de téléphone et je vais voir si je peux d’ores et déjà reporter quelques rendez-vous ou voir si tu peux les faire en téléconsultation, parce que demain ça va être chaud… Sinon comment tu te sens toi, tu vas mieux ?

-Ça va mieux, je ne dois plus avoir de fièvre, il faudrait que je vois si la tante Rose avait un thermomètre externe J’ai les bronches qui ronflent un peu mais rien de catastrophique, je vais rester bien couverte et au chaud quelques jours et si ça perdure je ferais une radio dès que possible.

-Prends ça au sérieux tout de même que ça ne dégénère pas…sans antibiotiques ça risque de prendre du temps.

- Comment va mon bébé chat ?

-Il va bien mais tu lui manques, je le vois, il est attentif aux allées et venues, il t’attend. Je vais m’installer chez toi avec lui, ça nous fera le plus grand bien à tous les deux !

-La première qui a trouvé un remplaçant prévient l’autre, j’appelle l’ordre et quelques copains et toi appelle la fac et le CHU. Tu veux faire les castings ou je m’en charge en visio ?

- Je fais les castings, c’est moi qui vais devoir le ou la supporter, à demain !

-Ok, à demain.

Manon était en partie rassurée, Cindy a bien pris cette catastrophe, il fallait maintenant trouver un remplaçant, elle va traîner un peu sur les forums, et appeler l’ordre demain…

Juste un petit SMS à Fanny et une annonce de recherche de remplaçant sur quelques forums et elle dormirait encore un peu, Camille lui a dit qu’il allait lui rapporter des remèdes de grand-mère pour ses bronches

A SUIVRE