Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de mademoisellepioupiou
Le blog de mademoisellepioupiou
Menu
Un hommage qui heurte

Un hommage qui heurte

Un hommage qui heurte

Je réalise ce matin quelque chose de notre histoire familiale que je n'avais pas compris.

En réfléchissant à propos du discours d’Édouard Philippe au Vietnam j'ai eu mal qu'il rende hommage à celui qui a théorisé pas seulement la guérilla qui a mis à genoux l'ancien colon et l'Oncle Sam mais aussi la révolution idéologique et par là les camps de rééducation communistes.
 

 

 

C'est seulement ce matin que je comprends enfin vraiment pourquoi alors qu'il n'y avait plus de risque pour nous, pourquoi mon père était si rétif à retourner au Vietnam...

 

Le Vietnam n'était plus le pays où il était né, où il avait ses racines, ses ancêtres, ses souvenirs d'enfants mais le pays qui a envoyé tous les membres de sa famille dans des camps de réduction, car c'était des intellectuels bourgeois, il fallait les affamer et les terroriser.

Des mois durant mon père a du enquêter à distance pour les retrouver un à un, qu'il intrigue à distance pour payer le retour de chacun d'eux et j'ai compris ce matin qu'il ne pouvait pas pardonner à la terre de ses ancêtres ce qu'elle avait infligé aux siens...

 

 

 

Quand enfin on a pu les faire rentrer, j'ai le souvenir de cet oncle hémiplégique racontant à voix basse à son frère comment ils avaient survécus pendant ces années terribles en s'alimentant de quelques fruits pourris et d'eau boueuse dans les camps.

 

Terrorisés, affamés et embrigadés dès le plus jeune âge pour être rectifiés vers une pensée plus conforme à l'idéologie communiste, il fallait expier ses contours occidentaux, expurger son éducation, vomir son humanité...

 

 

Mon père portait en lui la douleur ne n'avoir pas été là pour les protéger mais qu'aurait-il pu faire, lui aussi torturé et affamé dans un camp pour lui apprendre la rectitude de la pensée communiste ?

 

C'est l'amour d'une femme qui a fait échapper mon père à ce funeste destin puisqu'il a décidé de se marier avec ma mère et de rester en France à la fin de ses études.

 

Mais s'il n'a vécu la réalité de ses camps, il a vécu l'angoisse de rechercher les siens, d'arriver à les ramener de l'autre bout de cet enfer et la culpabilité d'y avoir échappé.

 

Je suppose que le verbaliser était impossible et que la lutte entre la tendresse de ses souvenirs et la rancœur de sa haine a du souvent le torturer mais cet homme là ne parlait pas de ses peines...

 

Honorer Ho Chi Minh, c'est certainement piétiner l'histoire des Français massacrés dans cette guerre et tous ces réfugiés vietnamiens venus chercher refuge et construire leur vie en France mais que vaut le ressentis des Français quand il s'agit de conforter des accords commerciaux ?

 

On m'a dit ce matin qu'il fallait oublier, que certains étaient rentrés et avaient depuis des affaires florissantes, c'est certainement là où le bât blesse pour nous, nulle fortune ne rachètera ça !

 

A travers la polémique autour de l'édulcoration de la commémoration du centenaire du 11 Novembre, on voit bien qu'aujourd'hui on relègue loin l'odieuse réalité pour lisser les échanges et favoriser le commerce...

 

Il n'est plus temps de chasser les marchands du temple car le temple il l'ont racheté et le gouverne désormais !